domingo, 8 de maio de 2011

Interview - ELLE Magazine



Comment avez-vous choisi tous ces tubes qui composent votre album « Diva Latina » ?
Arielle Dombasle : Pour l’album précédent, j’avais choisi des standards des années  20 à 50. Cette fois, je me suis laissée porter par des émotions, comme des madeleines de Proust qui font surgir des mondes en moi. Ce sont des morceaux qui vont des années 70 aux années 2000. Ce sont des titres qui me parlent, qui évoquent des moments de ma vie. « PATA PATA » de Miriam Makeba, que je reprends par exemple, me rappelle le tournage d’un film avec Jean Paul Belmondo à Cuba.  Là-bas, tout le monde écoutait ça en boucle et dansait dans les rues. Le film s’appelait « Amazone » et Philippe de Broca, le metteur en scène, était complètement ailleurs car il était très amoureux de sa femme qui le martyrisait. Il avait un petit perroquet sur l’épaule et ne s’intéressait qu à lui. On était à Cuba, au milieu des ouragans, et le tournage était très difficile et aventureux  Avec Jean Paul, on se disait « Mais ce n’est pas possible ! » et on riait, on riait ! On s’imaginait déjà les critiques cinglantes qu’on allait recevoir, du style « la Dombasle embarquée avec l’éternel Belmondo dans un film improbable », et on riait encore plus.
C’est une chanson que vous reprenez en duo avec le rappeur Mokobé, un autre attelage inattendu ?
A.D :Mon album « Diva Latina » a ce son et ce rythme afro- cubains. Je voulais une voix merveilleuse, venue d’ailleurs… Mokobé est Malien. Son groupe du 113 c’est, soi-disant, le rap de la banlieue dure, éructante, violente. Et moi, dans l’esprit des gens, je suis la Parisienne, un brin élitiste, réservée. En fait, je suis issue de 3 cultures différentes :l’américaine, la mexicaine, la française. Et ce qu’on pourrait imaginer comme une « réserve », un quant à soi, n’existent pas. Avec Mokobé,  qui est  si artiste , si talentueux, on s’est tout de suite très bien entendus sur l’essentiel : la sensibilité,  la manière d’appréhender les sons, le rythme, l’humour…
Quelle vision avait-il de vous avant de vous rencontrer ?
A.D : Je ne sais pas (rires…), il dit «  Arielle Dombasle, je l’ai googlisée : »la meuf elle est trop ». « Je ne peux pas croire que je chante avec elle ». Il est si singulier, je n’arrive pas à l’imiter.
A l’heure ou Claude Guéant parle de  limiter l’immigration légale et où l’on évoque la montée  du FN, diriez vous que vous êtes engagée ?
A.D : Dans ma manière d’être, certainement. Et dans mes rapports avec les gens. Je ne suis pas quelqu’un d’indifférent et je trouve très inquiétante cette montée du FN new look. Je suis moi-même étrangère et ouverte à ce qui m’est étranger.
Comment jugez – vous la France en ce moment ?
A.D : Comme une nation qui a peur et qui se rétracte … Parce qu’elle veut préserver quoi au juste, je ne sais pas… Mais elle a peur du changement. Et je crois que les artistes sont là, en première ligne, pour faire sauter les frontières. Et d’abord, bien sur, la musique.
Est-ce important pour vous que BHL, votre mari, soit un homme de combat ?
A.D :Oui, bien sur. Je l’admire tant. Et, en plus, je suis tellement moins armée que lui. Moi, je suis dans la fiction, la musique, la scène. Je n’ai pas fait l’Ecole Normale Supérieure ! Je faisais desfautes d’ortographe, j’avais toujours O en dictée ; je reviens de loin !Lorsque je lui envoie des textos, je fais toujours bien attention,avant: est-ce que à colonne  ça prend « 2 » l, ou « 2 » n, ce genre de choses.


Qu’est ce que vous lui textotez ?
A.D :Là, je prends mon smartphone et je lis mon dernier texto à Bernard- Henri qui est Lybie. : « soyez prudent surtout, mon bel Ange, je vous attends ». J’adore les textos, c’est comme des petits haïkus, c’est un langage en soi.
Des rumeurs font état de  troubles au sein de votre couple, voire de ruptures , qu’en dites vous ?
A.D:Oh… les éternels « gossips »…
On a pourtant vu sur le Net des photos de BHL aux côtés de Daphné Guiness, l’héritière de l’empire du même nom ?
A.D :Ah bon …
Sur l’album, vous reprenez la chanson « Porque te vas », à qui s’adresse-t-elle ?
A.D:C’est une chanson qui émeut tout le monde ! Il parait qu’on la chante à l’école pour apprendre l’espagnol ! Pour moi, c’est en même temps, la mélancolie de l’adolescence et une complainte d’amour. C’est le principe même de l’amour, ce que nous vivons tous. Un éternel tourment, et une éternelle exaltation à la fois.
Dans le très beau clip, signé Ali Madahvi, vous incarnez à la fois le torero et la femme fatale , pourquoi ?
A.D : Cette chanson lui évoque  les femmes amoureuses qui sont crucifiées, tourmentées, et qui, par délicatesse, font semblant de rien . Il m’a dit qu’il fallait exprimer ce tourment par une confrontation entre le masculin -la raison- et le féminin -la folie-. Dans le clip, c’est la féminité exaltée , la folie de l’amour, qui triomphent.
Vous avez toujours été tourmentée par l’amour ?
A.D :Très tôt, j’ai été une personne exaltée. Je savais que ce serait sous ce signe, que je vivrais ma vie, sous le signe de l’amour.J’ai lu Zweig, « Belle du Seigneur » d’Albert Cohen qui m’a bouleversée, Musset, Kleist, Hölderlin, Baudelaire. Ce sont ces auteurs qui m’ont faite ! Je me suis reconnue dans toute cette littérature de grands romantiques.
Pourquoi pensez vous que l’amour est si douloureux ?
A.D : Parce qu’il nous échappe, qu’on en est le jouet. Comme dit Shakespeare, on est des petits Cupidons qui créent des pièces de théâtre amoureux .
L’Amour nous oblige à tomber les masques.
A.D :Oui, c’est une manière de se dévoiler en décidant d’ouvrir son cœur et d’être totalement vulnérable… On s’y adonne avec volupté mais quand on s’y soumet, on se dit « est ce qu’on fait bien d’avoir le cœur aussi mis à nu », au lieu de le cacher et de se protéger un peu. Et on se retrouve dans une situation encore plus vulnérable. Faut – il dire les choses ? les cacher, s’expliquer, analyser, commenter ? Faut-il manipuler, se venger, créer des rapports de force ? le dilemme est inextricable.
Quelles sont vos réponses ?
A.D :Un grand point d’interrogation ! Il ya la musique, la création pour s’exprimer, et tâcher autant que faire se peut, de rester dans la joie et la légèreté, de danser sur les tables. En tous cas, il faut suivre sa nature. Moi, je suis assez cash !  Je veux tout, tout de suite , l’attraction, le magnétisme, la passion immédiate et éternelle, l’absolu, c’est tout ce qui m’intéresse !
Finalement diriez-vous que vous avez compris quelque chose aux hommes ?
A.D :Non, mais je sais qu’avec eux, il faut jouer tous les rôles : la maîtresse, l’enfant, la mère, l’infirmière, la consolatrice. Et puis chanter, enchanter autant que faire se peut !


A moins que vous ne préfériez les animaux , comme le chien avec lequel vous posez sur les photos de Elle ?
A.D : (rires). C’est vrai que j’ai toujours eu beaucoup de tendresse pour les animaux. Au Mexique, j’ai passé mon enfance à sauver des animaux blessés. Je m’entends très bien, je communique bien, avec le règne animal. Par exemple, quand j’étais sur le film «  La possibilité d’une île » de Michel Houellebecq, j’ai tout de suite adoré Clément, un chien très gai  qui veut jouer tout le temps, étonnant, infatigable. A New York, je suis allée au Musée d’Histoire Naturelle, et j’ai acheté un stégosaure mauve en caoutchouc pour Clément. Je jetais le machin super loin et il me l’a rapporté au moins 160 fois ! Entre Clément et moi, c’était l’alliance immédiate !
Diriez vous que vous êtes heureuse ?
A.D : Je crois surtout qu’on décide de son bonheur, vous ne trouvez pas ? Je crois fermement à l’hymne à la joie.
Interview de Florence Trèdez


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