La sublime Arielle Dombasle, fantasque créature, prend les commandes cette semaine d'un exceptionnel numéro du magazine Gala consacré au mariage du siècle, celui de Kate et William, et à ses secrets, coups de coeur et passions. Dombasle est une rédactrice en chef "ULTRAGLAMOUR" comme l'écrivent nos confrères en couverture et sa récente incarnation en est la preuve éclatante.
Au détour des 28 pages imaginées par Dombasle pour Gala, on retrouve cette dualité homme/femme quand elle évoque son goût pour une féminité totale, que partagent bien des hommes, son enfance de garçon manqué aux côtés de son frère aîné, sa volonté d'amazone sur scène et sa croyance en un amour absolu et éternel. Au-delà de l'artiste, il y a une amoureuse farouche et passionnée qui n'a pas hésité à balayer d'un revers de la main les rumeurs qui salissent le couple qu'elle forme avec Bernard-Henri Lévy.
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Arielle Dombasle
Elle est la quintessence du glamour à l’heure où sort son nouvel album, Diva Latina, l’actrice et chanteuse interprète un nouveau rôle : celui de rédactrice en chef des pages féminines de Gala. Un personnage qui lui va comme un gant… De velours.
Gala : Pourquoi avoir accepté d’être rédactrice en chef pour Gala ?
AD : j’ai tout de suite aimé cette idée de me plonger dans un univers presque exclusivement féminin, de découvrir le back stage effervescent d’un journal dont je suis une lectrice attentive. Gala a un mérite : il réussit toujours à mettre les choses en scène d’une manière joyeuse, scintillante. J’aime cela.
Gala : Quelles ont été vos impressions en venant à la rédaction
AD : J’ai été frappée par le contraste entre la rigueur de l’architecture, très « Brass and Glass », du lieu et puis, de l’autre côté, la chaleur de l’équipe de rédaction. On sent de l’enthousiasme, de la joie, on sent un journal que l’on prend plaisir à faire.L’actualité heureuse, elle est aussi dans vos murs.
Gala : Quelle touche personnelle pensez-vous avoir apportée ?
AD : Les gens me demandent souvent de leur donner quelques-uns des petits secrets qui me guident dans ma vie de tous les jours. Eh bien c’est ce que j’ai essayé de faire. Je suis contente, aussi, d’avoir été épaulée par Ali Mahdavi. C’est un merveilleux artiste, qui distille dans ses images une idée de la femme très particulière, au rayonnement très « golden years ».
Gala : De qui tenez-vous ce côté ultra glamour ?
AD : Oh, ultra glamour, je ne sais pas… Ma mère, ma grand-mère étaient des femmes raffinées. Elles étaient, toutes les deux, d’une simplicité et d’une élégance absolues. Les gens se retournaient sur le passage de ma grand-mère. Elle était presque irréelle de gentillesse et d’allure. Elle a évidemment été mon grand modèle. Petite, j’étais extrêmement turbulente. J’avais un côté sauvageon et une énergie diabolique. Au fil des années j’ai essayé de m’assagir, de me discipliner un peu. Mes deux étoiles sur ce chemin c’était elles – ma mère et ma grand-mère.
Gala : Quelle est l’inspiration de votre album Diva Latina ?
AD : C’est très ancien. Cela plonge très profondément en moi. Ce sont comme des madeleines proustiennes, des réminiscences d’enfance. Il y a là douze titres mythiques, que je chante en espagnol et qui sont des reprises des vingt dernières années. Ce « latin swing », c’est mon Mexique. C’est le rythme survolté, chargé d’émotion, du monde de mon adolescence.
Gala : Le clip de « Porque te vas » est un hymne à la sensualité, à la féminité, mais aussi à l’ambiguïté.Reflète-t-il votre personnalité ?
AD : C’est Ali Mahdavi qui est l’auteur du clip. Ce doit être comme cela qu’il me voit ! La féminité, bien sûr. Mais il dit que j’ai aussi un côté combattif, garçon manqué et même un peu « matador ».D’ailleurs j’ai, dans ce clip, un double enfantin, une petite « écuyère » jouée par Violette D’Urso de la Fressange, la fille d’Inès. Eh bien elle a, elle aussi, comme moi, un double personnage, garçon et fille mêlés. C’est l’idée d’Ali. Il pense que le féminin et le masculin, à douze ans comme après, cohabitent en chacun de nous
Gala : Dans ce clip, vous êtes habillée par Jean-Paul Gaultier. Vous êtes très proche du milieu de la mode ?
AD : Très proche, je ne sais pas. Mais c’est vrai que j’aime bien la mode. C’est un univers à la fois éphémère et passionnant. C’est le pouls même de l’époque. Quant à Jean-Paul Gaultier, qui m’habille sur scène et dans le clip, c’est un être unique en son genre. Son insolence. Son invention. Son absolue liberté créative. Mais aussi cette gentillesse incroyable qui fait de lui, vraiment, l’enfant terrible de la mode. Mais je ne peux pas parler de la mode sans évoquer, au tout premier rang, mon ami Vincent Darré. Il m’habille depuis des années, tant en concert qu’à l’opéra ou dans les films. Lui aussi a un goût et un style d’une singularité totale. Tout comme Elie Top, créateur de bijoux pour Lanvin, dont je porte les œuvres étonnantes à longueur d’année.
Gala : Votre silhouette exceptionnelle vous permet de porter toutes les tenues. A quoi ressemble votre dressing ?
AD : Il y a surtout beaucoup de chaussures (rires) ! En particulier celles de Christian Louboutin que je connais depuis l’âge de 18 ans et qui m’accompagne dans toutes mes aventures. J’aime bien, également, les vêtements de nuit. Ceux qui permettent d’avoir des nuits aussi belles que les jours… Et puis j’ai la passion des micro sacs… Je me souviens de celui que j’ai acheté avec mon tout premier cachet de comédienne. C’était un petit trapèze fuchsia, à anses de cristaux roses, signé Christian Lacroix. Je crois que je l’ai toujours.
Gala : Comédienne, chanteuse, danseuse ou amoureuse : dans quel rôle vous sentez-vous le plus à l’aise ?
AD : Je suis née sous le signe de Vénus. Donc, l’amour. Forcément l’amour. Cela dit, il y a une circonstance où je suis particulièrement heureuse : c’est quand je chante sur scène. Cette communion avec le public, cet unisson avec des gens que vous ne connaissez pas et qui vous sont soudain si proches, c’est une expérience unique. De l’émotion à l’état pur. Et c’est une sorte d’expérience amoureuse.
Propos recueillis par Dominique Stringer-Vigna
Découvrez la diva dans Zéro tabou :
Gala : Votre album Diva Latina est une ode à la passion, qui, étymologiquement, implique que l’on souffre. Pour vous, la souffrance est indissociable de l’amour ?
Arielle Dombasle : Oui, elle est inhérente à ce sentiment. C’est un des grands mystères de la vie : face à l’amour, on est tous des débutants. Il n’y a rien à faire, on tombe dans tous ses pièges. Cette souffrance n’est pas un vœu, elle est subie. On est dépossédé de sa raison. Comme des tigres lâchés dans une jungle !
Gala : Etes-vous pour l’amour avec poigne ?
A.D. : (Rires) Vous savez, Baudelaire a écrit des choses extraordinaires sur la férocité de l’acte amoureux. C’est une sorte de dévoration de l’autre, on ne connaît pas la satiété. Peu importe les chemins qu’empruntent le corps et l’âme, j’aime cet acte qui nous met à portée de l’infini. C’est à la fois un tumulte terrible et une extase.
Gala : Vous appréciez la perte de contrôle ?
A.D. : Oui, ce qu’il y a de plus beau en amour, c’est cette dépossession de soi. On est un autre, on est un tout.
Gala : Dans le clip de votre reprise de Porque te vas, on vous découvre en matador. Etre un homme, c’est un fantasme ?
A.D. : Ce travestissement est une idée d’Ali Mahdavi (le réalisateur, ndlr). Il était convaincu qu’une féminité aussi accomplie que la mienne cache un garçon sauvage ! Je crois qu’on fait toujours l’amour à quatre : il y a l’homme et la femme, la femme qui existe en l’homme et l’homme qui existe chez la femme. J’ai beaucoup ressenti ma part masculine, durant mon enfance, aux côtés de mon frère ainé et de sa bande de copains qui me chahutaient. Il fallait être aussi forte et courir aussi vite qu’eux, crapahuter dans la jungle et descendre des torrents comme eux… Mon père me poussait également à ne pas être une petite fille craintive.
Gala : Avez-vous déjà dragué comme un homme ?
A.D. : Parfois peut-être. En même temps, je suis facilement intimidée. J’aime bien le côté prédateur et guerrier de l’homme. Il m’arrive aussi d’être une amazone, mais surtout sur scène.
Gala : Avez-vous déjà été troublée par une femme ?
A.D. : De manière générale, j’ai une éthique de l’admiration. Alors, oui, il y a des femmes que je trouve incroyablement attirantes. Enfant, j’ai pratiqué la danse classique. Je me souviens combien j’étais anéantie par la beauté des filles plus âgées que moi ! C’était une forme de sentiment amoureux…
Gala : Etes-vous pour ou contre la pornographie ?
A.D. : Il y a trois ans, j’ai réalisé Le bijou indiscret dans le cadre d’une collection muy caliente diffusée sur Canal +. Mais c’était plus un court-métrage érotique. Ils étaient d’ailleurs assez fâchés contre moi, ils auraient voulu que je sois plus crue. Mais je ne trouve aucun intérêt à la pornographie. Je suis trop romantique. Je ne dissocie pas le corps de l’âme. Lire une page de Stefan Zweig ou d’Albert Cohen me transporte davantage que les images d’un téléviseur.
Gala : Vous n’avez donc jamais vu de films X ?
A.D. : Si, j’en ai aperçus. Mais je ne veux pas les regarder.
Gala : Qu’y a-t-il de tabou pour vous ?
A.D. : Les mots. Je m’en méfie. Ce sont des êtres vivants qui peuvent faire mal, comme ils peuvent caresser. Pour autant, je n’aime pas le conformisme. Je préfère les gens singuliers, hors-normes. Et comme ces derniers sont généralement méprisants des tabous, je suis plutôt en faveur de la transgression.
Gala : Vous vous considérez hors-normes ?
A.D. : Je ne me définis pas. On me dit extraterrestre. Je me sens surtout en accord avec moi-même et non comme on voudrait que je sois. Je suis quelqu’un de libre, même si c’est une liberté contrôlée. Comme l’a dit Karl Lagerfeld, de temps en temps, « je suis ma propre marionnette ». C’est une performance. Vous ne pouvez pas être constamment le cœur mis à nu. Sinon, on ne s’en sort plus…
Gala : Quel est le vice que vous regrettez de ne pas avoir ?
A.D. : Aucun ! Je n’aime pas ce mot. Et puis, un vice admirable, comme l’audace ou l’arrogance dans certaines circonstances, est une vertu, au final.
Gala : Quelle est la vertu que vous n’aurez jamais ?
A.D. : L’immortalité ! S’approprier le monde pour toujours, c’est pour moi la plus grande des vertus. Il faudrait en conjuguer des vertus pour y arriver !
Gala : Si l’on vous dit que vous êtes exhibitionniste…
A.D. : Ce n’est pas le mot que j’emploierais. Les artistes sont comme les monstrances, ces objets liturgiques exposés dans les églises. Nous sommes là pour délivrer un message. Pour moi, la vraie mise à nu n’est pas physique. C’est celle de l’âme. Il faut faire attention à ne pas être une proie facile. Le monde moderne est une jungle !
Gala : A ce propos, la rumeur, féroce, vous dit trompée par l’homme que vous aimez…
A.D. : Je ne sais pas de quoi vous parlez. C’est un pur gossip, une info trash.
Gala : Vous seriez un homme, vous craqueriez pour Arielle Dombasle ?
A.D. : Je crois que oui. Je trouverais la femme intrigante et mystérieuse. (Sourire)
Gala : Etes-vous facile à vivre ?
A.D. : Oui, très ! Je n’aime pas la solitude et je fais de mon mieux pour que tout se passe bien, dès lors que je suis entourée. Je m’accommode à tous les lieux. J’ai le souci de l’adaptation. C’est sans doute une force, mais avant tout une politesse. Et l’essence même de la civilisation !
Gala : Le plus inconcevable, serait-ce l’amour sans sexe ou le sexe sans amour ?
A.D. : Oh la la, les deux ! Le corps est infusé de l’âme. Les contradictions entre les deux en sont d’autant plus abyssales, quand on est amoureux. On a beau être expérimenté, les situations et l’être en face de soi ne sont jamais cernables. Chaque jour est un éternel recommencement. On est toujours dans l’incertitude, la conquête amoureux ne finit jamais. Rien n’est acquis. Jamais !
Gala : De quel homme célèbre auriez-vous pu être l’amante ?
A.D. : Le Christ ! C’est pour moi la figure la plus attirante depuis l’enfance. La première fois que je l’ai vu sur son crucifix dans une église, vers l’âge de quatre ans, j’ai d’abord pleuré et puis, on m’a expliqué qu’il était mort pour les autres. Cette idée me bouleverse encore.
Gala : Pourriez-vous également vous sacrifier par amour ?
A.D. : Evidemment. Je ne fais que ça ! (Rires) La vie à deux est le sacrifice permanent d’une partie de soi.
Gala : Quel est votre luxe le plus inavouable ?
A.D. : (Elle réfléchit) Si l’on définit le luxe comme ce qui est superflu, alors je dirais… tous mes plaisirs !
Gala : La mort occupe-t-elle une place dans votre vie ?
A.D. : Parfois, elle me fait peur. A d’autres moments, je ne la crains pas. Malheureusement, si vous regardez autour de vous, nous sommes tous des morts en puissance !
Gala : Sauf vous qui convoitez l’éternité !
A.D. : Oui, mais hélas, il ne suffit pas de la vouloir ! (Rires) Pour paraphraser Woody Allen, au moins, quand on meurt, on peut le faire couché ! Heureusement, on connaît quelques moments d’éternité dans cette vie, grâce à l’amour.
Gala : A qui accorderiez-vous l’immortalité pour vous accompagner ?
A.D. : A l’homme que j’aime, évidemment. Je crois en l’amour éternel.
Gala : Arielle, en attendant, si vous pouviez choisir votre mort…
A.D. : Je voudrais mourir dans l’extase ! Ce n’est pas pour rien qu’on parle de petite mort. Même si ça doit être bien de pouvoir préparer sa mort, y a-t-il plus belle façon de rendre l’âme ?
Propos recueillis par Thomas Durand
Text pris de site www.arielle-dombasle.com
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